Excusez-moi de ne pas avoir reparlé de la situation de mon fils auparavant. Il y avait deux choses : je n’étais pas trop sûre comment ça allait se passer avec lui et je ne voulais alors pas en parler prématurément.
Les premières semaines de sa période de réhabilitation ont été les plus difficiles. Au lieu de chercher à résoudre ses problèmes avec l’alcool et la drogue, il voulait plutôt trouver le moyen de justifier ses choix et de n’essayer à tenir le coup jusqu’au jour de son prochain anniversaire. Mais, au fur et à mesure qu’il a fait leur programme, il a compris certaines choses et son attitude a changé. En fait, je ne sais pas tout ce qu’il a compris ou même appris. Une partie du principe de guérison qu’épouse ce genre d’établissement est le respect et l’anonymat. Alors, j’ai pensé que ce serait mieux pour tout le monde de le laisser faire ce qu’il avait à faire, sans poser trop de questions, et en essayant de le soutenir et l’aider, mais sans non plus lui céder trop de pouvoir sur nous autres.
En fait, il a fini par voir son problème et son avenir d’un nouvel œil, d’accepter sa propre responsabilité pour les choix qu’il ait fait, et de voir que c’est à lui de décider de faire de son mieux avec sa vie, tout en comprenant qu’en générale, tout le monde fait de même. Il y a des moments dans chaque vie pendant lesquels on ait plus ou moins de succès, mais la vaste majorité des humains fait de son mieux dans la vie. Et, tant que l’on puisse accorder au moins un minimum de respect et de politesse à autrui, sachant qu’on ne peut pas connaître l’histoire ni la pensée de l’autre, et que chacun ait son histoire, on fini toujours par mieux comprendre et mieux faire.
Le temps que M*****l ait passé ici m’a coûté assez cher. Des billets d’avion au dépôt de garantie pour son logement, au premier mois de loyer… Mon père et sa copine ont eu la gentillesse de m’aider un peu avec ces frais. Et M*****l a commencé à me rembourser. Je n’ai pas accepté qu’il me dise qu’il le ferait plus tard, voulant qu’il comprenne que ce genre de chose est sérieux, et qu’il doit faire ce qu’il faut pour rendre aux autres ce qu’on leur prend. Le premier mois à San Francisco, il a cherché du travail, et je l’ai aidé aussi à s’acheter à manger, etc. J’aurais voulu qu’il trouve un travail plus vite qu’il ne l’ait fait, mais en fin de compte, il a pris son courage à deux mains, et a trouvé quelque chose. Il travaille dans un café boulangerie, et gagne pas si mal sa vie, surtout étant donné son jeune âge. Il commence à comprendre que la vie coûte cher et qu’on ne peut pas toujours faire ce que l’on veut. Il a compris qu’il ne lui serait pas possible de retourner tout de suite à StO, et il va suivre un cours ou deux dans une faculté à San Francisco cet été.
Je pense qu’il fait de progrès. De temps en temps, il fait des erreurs ou bien ne prends pas de bonne décisions, mais en gros, ça va. Et puis, surtout et avant tout, il n’a pas fait de drogue, ni bu, depuis deux ou trois jours avant de revenir aux États-Unis. Le jour de mon mariage, il a décidé de finir sa journée de travail et a pris la navette jusqu’à Monterey. Il est arrive après la cérémonie, s’est fait prendre en photo vite fait, puis m’a dit qu’il préférait rentrer chez moi avec sa sœur et sa copine, que de rester pour le repas et être tenté par l’alcool… Je pense que ce fut un bon choix.
Le lendemain, suite aux tempêtes de neige dans l’est des États-Unis, on a passé presque 9 heures soit dans les aéroports de la Californie, soit dans la voiture. M*****e a finalement réussi à partir chez son père pour y passer les vacances du printemps. Pendant que j’ai été avec elle dans les parties de l’aéroport où ils ne pouvaient pas aller, M*****l a passé pas mal de temps avec Fabrice. Ça l’a beaucoup soulagé (M*****l) et a donné aux deux l’occasion de se connaître un peu mieux. Quand j’avais dit à M*****l que j’allais me marier, ça veut dire quand M*****e lui l’a dit, il l’avait assez mal pris, il avait peur que l’on me fasse de la peine, ou bien que j’agisse sur un coup de tête, sans avoir assez bien réfléchi. Maintenant, tout en ne pas le connaissant très bien encore, je pense qu’il se sent beaucoup plus à l’aise et avec ma décision et avec ma vie, en générale. Une fois que M*****e est partie, nous avons ramené M*****l à San Francisco, et l’avons déposé chez lui, où on est rentré vite fait.
M*****e voulait passer l’année prochaine chez son père, sa belle-mère, et sa petite sœur, F****, qui aura bientôt 4 mois. Elle devait revenir des vacances du printemps une semaine après que Fabrice est rentré en France. Mais je me suis dit que ce n’était pas trop logique de la faire rentrer rien que pour attendre la fin de l’année scolaire, et j’ai pensé aussi qu’elle aura de meilleures occasions pour se faire d’amis maintenant qu’au cours de l’été, alors j’ai décidé de la laisser finir cette année chez eux, aussi. Ce n’est pas ma préférence, mais je pense que c’est la bonne décision vis à vis de M*****e. Elle va à l’école catholique, et a l’air de s’y plaire. Je ne fais pas énormément confiance à J***, mais j’ai confiance et dans sa femme et dans ses parents, et M*****e est sûrement en âge de ne pas se laisser faire si jamais ça cloche.
Fabrice revient de la France la semaine prochaine, et il va passer un mois ici avant de rentrer en France. Je vais sans doute le suivre d’ici le mois de juillet, du moins pour un an ou deux. Après, on verra. J’ai déjà une interview qu’on veut me fixer dans une école de langues Paris, alors ça devrait aller sur ce point de vue là, aussi. Je vais prendre un congé sans solde auprès de mon employeur actuel ; on ne sait jamais ce qui va arriver et mieux vaut prévenir que guérir, quoi !!
Alors voilà tout ce qu’il y a de beau à raconter.