Ma Vie d'Autrefois, Ou est-ce Encore la Même ?

Thursday, March 09, 2006

Une Question de Courage et de Choix

Une amie a parlé dans son blog des torts du passé, de l’impuissance, et du courage et de la force que nous avons tous, et des différentes sortes.

Une autre lui a répondu en disant que tout ceci est une question de choix.

Avec la permission de l’auteur originale, je publie ici l’échange là-dessus que nous avons eu toutes les deux :

L’autre lectrice du blog de mon amie avait écrit cela :
…est une autre personne, qui a la peau sensible et ne supporte le crin énergique, pas plus qu'elle ne supporterait d'être enfermée dans un harem, et que pire, cela ne fait pas fantasmer. C'est bien là notre différence sans doute. … aime se baigner nue, mais pas sous la coupe d'un camp, d'une institution, d'une religion. Elle aime se baigner nue dans la nature. L'eau de source est aussi douce pour la peau que le savon noir qui glisse sur l'échine de la peau blanche. Si elle se prélasse, ce n'est pas sur le marbre froid, massée par une esclave à laquelle elle se soumet, pour inverser les rôles, histoire de voir comment ça fait. ... se prélasse sur le sable fin, au soleil, et se réjouit d'une pluie tropicale. Si sa peau luit, c'est sous le beurre de Karité.
... a une conception affirmée de la liberté, d'ailleurs elle n'aurait jamais supporté d'un jour se faire battre par un homme, tromper, baffouer.
ça doit être ça notre différence Julie, tout comme cette conception de l'amour...je n'aime pas les prisons, les portes pleines qui se referment sur une antre, quelle qu'elle soit. Le hammam est une prison pour femmes.
Les portes de ma maison sont ouvertes aux quatre vents...et je n'aime pas ce qui interdit l'accès...c'est à mon avis, la plus grande privation de la liberté.
Bien à toi


Ensuite, elle avait ajouté cela:
ah oui, ... a oublié de dire que pour les massages, elle préfère les soins d'un beau black, et plus si affinités (mais ... ne pratique les massages qu'avec les plus si affinités...)
"strictement réservé aux femmes" quelle horeur! ... a oublié aussi de dire qu'elle avait fait le tour de son homosexualité refoulée...
je t'embrasse


Et j’ai dit :
Moi, j’aurais bien aimé aller au hammam. Le fait que ce soit « strictement réservée aux femmes » m’aurait donné plus de courage, m’aurait libéré un peu plus du fardeau qui me pèse. Je ne l’aurais pas ressenti en tant que prison, mais de protection, de préservation et de soutien physique et moral pour tout ce qui est du féminin.

Ma vie n’a pas toujours été ni belle, ni heureuse. Une bonne partie du temps, ceci a été du aux hommes… alcooliques, abusifs, méchants. Mais tout n’est pas nettement noir et blanc. Parfois, ce n’est pas que l’on se laisse faire abuser. Parfois, l’abus nous surprend. Ce n’est pas une question de force de l’esprit de la victime, que de ne pas se laisser faire victime.

Je ne pense pas que ... a raison. Enfin, ce que je veux dire c’est qu’elle a sans doute raison sur elle, mais sa vérité n’est pas la mienne.

Il faut du courage, c’est sur. Mais ce n’est pas que je me sois laissé faire. C’est trop facile de dire que l’on choisi d’être victime. Ceci n’a jamais été ma choix. Je suis fâchée de ceux qui pensent que leur perspective, leur version de la chose, leur vérité est la seule qui est valable, la vraie vérité, si l’on veut.

Ce que j’ai choisi été de quitter les relations abusives de mon passé, mais il n’est pas aussi évident de quitter mes propres pensées, dont j’en suis autant victime.

J’aurais aimé me mettre nue dans l’environnement protecteur du hammam, mais seulement si j’ai pu n’être jugée que par moi-même. Je pense que c’est ce que tu y as trouvé, Julie. Je t’en remercie d’avoir eu le courage de partager cette expérience avec nous.
22/2/06 18:54

Plus tard, mon amie s’est efforce de discuter de cet échange, des blessures, des abus, du passé et du courage….
Du courage
Il faut du courage pour rester comme il faut de courage pour partir. Il faut de courage pour s'enfuir devant l'adversité comme il faut de courage pour tenir ferme sur les pieds et lutter où l'on est.

Il faut de courage pour se déshabiller en se sentant trop mou ou trop petite ou trop grand, chacun ayant ses propre complexes, mais, il faut encore plus de courage pour se mettre à nu dans son blog.

Alors, pourquoi on le fait?

Je ne peux pas répondre pour les autres, je le fais en fait pour deux motifs différents, au moins, deux motifs principaux dont je suis consciente.

J'ai besoin de me connecter, d'avoir des échos, de connaitre d'autres. Je pourrais, sans m'ouvrir autant. J'aime écrire, je pourrais écrire - mais pas bien - sans aller autant en profondeur.

Alors, les "vrais motifs"?

Une, qui d'après moi motive aussi les bons écrivains, est de découvrir davantage sur soi, aller plus au profond. Le mettre noir sur blanc, m'a donnée courage de fouiller dans mes anciennes blessures et essayer de comprendre plus que c'était passé. Et oui, et aussi des fois pourquoi je me suis laissé faire trop longtemps. Comme aussi, je voulais me donner courage et me prouver à moi-même 'qu'il y a de la vie après 70 ans' quand j'en doutais encore.

Le deuxième est que dans mon plus grand chagrin, lire que des choses similaires se sont passés avec d'autres m'a énormément aidé - alors je pense à ces autres qui pourraient lire ce que j'écris et je me dis que si je donne courage au moins à une seule, je ne le fait pour rien.

Je n'ai pas pensé, mais j'ai découverte récemment, qu'en plus, j'aide comprendre aux enfants des femmes abusées comme j'étais à une certaine époque, leur mère. Je montre aussi aux jeunes qu'on peut rester jeune d'âge même sous une apparence d'une vieille. Je sais, tous ne restent pas "jeunes dedans" mais ceci peut arriver à n'importe quelle âge hélas.

Je sais, tous ne réussis pas à s'en sortir, mais je crois fermement que les chagrins peuvent nous mener plus tard vers une vie plus intéréssante, en tout cas c'était ainsi dans ma vie à moi.

Certains d'entre nous, hommes et femmes, ont eu le courage de rester en place jusque leurs enfants ont grandi assez, d'autres ont eu le courage de partir. Aucun de nous ne savait que faire autrement, différemment est était convaincu qu'il n'y a pas autre issue, meilleur.

Si j'aurais su que... alors... c'est trop facile à dire.

J'admire le courage de toutes les filles et femmes, de tous les hommes et garçons qui parlent sincèrement dans leur blog de ce qui leur arrive, ce qui était arrivé, de ce qu'ils ressentent.

Il faut de courage pour s'ouvrir 'au monde en large' et des fois encore plus pour s'ouvrir devant ses copains. Il faut aussi des fois de courage pour commenter, gentiment ou méchamnent, avec compréhension ou avec fureur.

Je remercie ici, celle qui a déclanché en moi ces lignes et ses pensés trottinant dans ma tête depuis ces dernières jours.


Ensuite, nous en avons parlé. J'ai dit:
Il faut du courage pour vivre. Encore plus pour vivre bien. Et une quantité énorme pour s’accepter avec ses défauts, et de faire face à la vie du nouveau chaque matin.

Il faut du courage pour accepter que l’on ait tort.

Il faut du courage pour comprendre que la liberté n’est pas toujours une choix. On n’est pas libre d’être libre. Il y a toujours des contraintes. Une personne ne peut jamais entièrement comprendre l’historie d’une autre. Chacun a son propre histoire. Chacun a sa propre vie, faite d’un mélange de choix que l’on a faites et de choix qui ont été faites pour nous.

Je n’ai jamais choisi d’être enfant battu. Je n’ai jamais choisi d’avoir de parents abusifs. Je n’ai jamais choisi de connaître des hommes abusifs. Je n’ai pas choisi d’être malade, d’avoir de la peine physique et psychique, ni de me retrouver affaiblie et impuissante, et ne sachant pas quoi faire. Une fois guérie de la plupart des maladies physiques, j’ai pu choisir de changer de perspective, et ce n’est qu’ainsi que j’ai trouvé assez de force intérieure pour me changer la vie.

Tout en acceptant que l’on ait tous des choix, je soutiens que la liberté ne peut pas toujours être choisie.
22/2/06 19:08


julie70 said...
Merci Danielle, d'avoir eu le courage d'ajouter une autre témoignage à la mienne. On ne choisi pas d'être impuissante devant des gens abusifs subitement, sans s'y attendre, on ne choisi pas de n'avoir pas assez d'argent pour s'en aller avec ses enfants, etc.

Merci, Monalisa, par tes paroles blessant tu as déclanché quelque chose qui permet de nous sentir unis et nous comprendre mieux. Je ne te juge pas, tu devrais être assez sage à ne pas le faire non plus.

Et pour nous, le Hammam n'était qu'une expérience nous rapprochant, pas dû tout nous enfermant. Comprendre des autres cultures n'est si mal, parce que dans chacun on trouve quelque chose innatendu en plus, quelque chose au delà des à priori.

Merci, encore une fois tous.
L’important est de s’accepter et de comprendre qu’après tout, il faut du courage pour vivre, et encore plus pour survivre.

0 Comments:

Post a Comment

Subscribe to Post Comments [Atom]

<< Home