From André Gide's thoughts and writings...
"Les choses les plus belles sont celles que souffle la folie et qu'écrit la raison. Il faut demeurer entre les deux, tout près de la folie quand on rêve, tout près de la raison quand on écrit."
"The most beautiful things are those that whisper craziness and write reason. One must live between the two, right next to folly when dreaming, beside reason when writing."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1889-1939 / septembre 1894)
"La prière, croyez-moi, n'est souvent pour beaucoup que le besoin, quand on se sent seul, de parler à la seconde personne."
"Prayer, believe you me, is often for many nothing more than the need, when feeling alone, to talk to another person."
(André Gide / 1869-1951 / Prétextes / 1903)
"Les persécutions ont toujours eu lieu (ou presque), jusqu'à présent, au nom d'une religion. Que la libre pensée à son tour persécute, la religion trouve cela monstrueux. Mais peut-on vraiment dire qu'il y ait persécution ? J'ai toujours quelque peine à accepter pour vrai ce qu'on a tout intérêt à nous faire croire."
"Persecution has always existed (or almost), to this day, for religious reasons. That free thinking would seem persecutory, religion finds monstruous. But can we really say that persecution exists? I have always had difficulty believing that which they would like us to believe."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1889-1939 / 1er juillet 1931)
"Ce jeune musulman, élève de Massignon, qui vint un matin me parler et que j'envoyai à Marcel de Coppet : avec des larmes, des sanglots dans la voix, il racontait sa conviction profonde : l'Islam seul était en possession de la vérité qui pouvait apporter la paix au monde, résoudre les problèmes sociaux, concilier les plus irréductibles antagonismes des nations... Berdiaeff réserve ce rôle à l'orthodoxie grecque. De même le catholique ou le juif, chacun à sa religion propre. C'est au nom de Dieu qu'on se battra. Et comment en serait-il autrement, du moment que chaque religion prétend au monopole de la vérité révélée ? Car il ne s'agit plus ici de morale ; mais bien de révélation. C'est ainsi que les religions, chacune prétendant unir tous les hommes, les divisent. Chacune prétend être la seule à posséder la Vérité. La raison est commune à tous les hommes, et s'oppose à la religion, aux religions."
"The young muslim, a student of Massignon,who came to speak to me one morning and who I sent on to Marcel de Coppet: with tears in his eyes and sobs in his voice, he told of his profound convistion: that Islam alone possesses the truth that could bring peace to the world, resolve its social problems, reconcile even the most antagonistic of nations... Berdiaff allocates this role to Greek Orthodoxy. The same goes for the Catholic or the Jew, to each his own religion. It is in the name of God that man will fight. And how could it be otherwise, if each religion believes itself to hold the monopoly on divine truth? It is no longer a question or morality; but of revelation. That is how religions, each of which pretends to unite all of humanity, divides it. Each holds to be the only possesor of Truth. Reason is common to all men, and in opposition to religion, to religions."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1889-1939 / 14 avril 1933)
"C'est un vase informe [le mot Dieu] à parois indéfiniment extensibles, qui contient ce qu'il plait à chacun d'y mettre, mais qui ne contient que ce que chacun de nous y a mis."
It is a shalpless vase [the word God] with infinitely expanding sides, that contains whatever each person chooses to put in, but that does not contain anything more than what we have put there."
(André Gide / 1869-1951 / Les Nouvelles Nourritures / 1935)
"Il est bien plus difficile qu'on ne croit de ne pas croire à Dieu."
"It's a lot harder than you'd believe, to not believe in God."
(André Gide / 1869-1951 / Les Nouvelles Nourritures / 1935)
"Le christianisme, avant tout, console ; mais il y a des âmes naturellement heureuses et qui n'ont pas besoin d'être consolées. Alors, celles-ci, le christianisme commence par les rendre malheureuses, n'ayant sinon pas d'action sur elles."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1889-1939)
"Nombreux sont ceux qui confondent mysticisme et spiritualité, et qui croient que l'homme ne peut que ramper, si la religion ne le soulève; qui croient que seule la religion peut empêcher l'homme de ramper."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1889-1939)
"Ce qu'il y a de plus extraordinaire peut-être dans le besoin de l'extraordinaire, c'est que c'est, de tous les besoins de l'esprit, celui qu'on a le moins de peine à contenter."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1889-1939)
"Croyez ceux qui cherchent la vérité, doutez de ceux qui la trouvent."
"Believe those who seek truth, doubt those who find it."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1889-1939)
"Il est certaine façon d'adorer Dieu qui fait l'effet d'un blasphème. Il est certaine façon de nier Dieu qui rejoint l'adoration."
"There is a way to worship God that has the effect of blasphemy. There is a way to deny God that approaches worship."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1889-1939)
"Les lois et les morales sont essentiellement éducatrices, et par cela même provisoire. Toute éducation bien entendue tend à pouvoir se passer d'elles. Toute éducation tend à se nier d'elle-même. Les lois et les morales sont pour l'état d'enfance : l'éducation est une émancipation. Une cité, un État parfaitement sage vivrait, jugerait sans lois, les normes étant dans l'esprit de son aréopage. L'homme sage vit sans morale, selon sa sagesse. Nous devons essayer d'arriver à l'immoralité supérieure."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1889-1939)
"Il est bon de laisser croire à l'enfant que Dieu le voit, car il doit agir comme sous le regard de Dieu et faire de cela sa conscience."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1939-1949 / 10 avril 1942)
"Ces idées dont on croit d'abord ne point pouvoir se passer. D'où grand danger d'installer son confort moral sur des idées fausses. Contrôlons, vérifions d'abord. Naguère le soleil tournait autour de la terre ; celle-ci, point fixe, demeurait le centre du monde, foyer d'attention du bon Dieu... Et puis non ! C'est la terre qui tourne. Mais alors, tout chavire ! Tout est perdu !... Pourtant rien n'est changé que la croyance. L'homme doit apprendre à s'en passer. De l'une, puis de l'autre, il se délivre. Se passer de la Providence : l'homme est sevré.
Nous n'en sommes pas là. Nous n'en sommes pas encore là. Cet état d'athéisme complet, il faut beaucoup de vertu pour y atteindre ; plus encore pour s'y maintenir. Le "croyant" n'y verra sans doute qu'invite à la licence. S'il en allait ainsi : vive Dieu ! Vive le sacré mensonge qui préserverait l'humanité de la faillite, du désastre. Mais l'homme ne peut-il apprendre à exiger de soi, par vertu, ce qu'il croit exigé par Dieu ? Il faudrait bien pourtant qu'il y parvienne ; que quelques-uns, du moins, d'abord ; faute de quoi la partie serait perdue. Elle ne sera gagnée, cette étrange partie que voici que nous jouons sur terre (sans le vouloir, sans le savoir, et souvent à coeur défendant), que si c'est à la vertu que l'idée de Dieu, en se retirant, cède la place ; que si c'est la vertu de l'homme, sa dignité, qui remplace et supplante Dieu. Dieu n'est plus qu'en vertu de l'homme. Et eritis sicut dei. (C'est ainsi que je veux comprendre cette vieille parole du Tentateur - lequel, ainsi que Dieu, n'a d'existence qu'en notre esprit - et voir dans cette offre, qu'on nous a dite fallacieuse, une possibilité de salut.)"
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1889-1939 / 1947)
"La Foi soulève des montagnes ; oui : des montagnes d'absurdités. Je n'oppose pas à la Foi le doute ; mais l'affirmation : ce qui ne saurait être n'est pas."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1926-1950 / 1947)
"Se passer de Dieu... Je veux dire : se passer de l'idée de Dieu, de la croyance en une Providence attentive, tutélaire et rémunératrice..., n'y parvient pas qui veut."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1939-1949)
"L'athéisme seul peut pacifier le monde aujourd'hui."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1939-1949)
"J'admire toutes les formes de la sainteté (encore que certaines me soulèvent le cœur)."
(André Gide / 1869-1951 / Ainsi soit-il /1952)
"L'homme est responsable de Dieu."
"Man is responsible for God."
(André Gide / 1869-1951 / Journal)
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"On a beaucoup ri d'un télégramme que Mauriac a reçu peu de jours après la mort de Gide et ainsi rédigé : "Il n'y a pas d'enfer. Tu peux te dissiper. Préviens Claudel. Signé André Gide"
"We got a klick out or a telegramme that Mauriac received just a few days after Gide's death, which said: "There is no hell. You can go all out. Let Claudel know. Signed, André Gide"
(Julien Green / 1900-1998 / Journal 28 février 1951)
"The most beautiful things are those that whisper craziness and write reason. One must live between the two, right next to folly when dreaming, beside reason when writing."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1889-1939 / septembre 1894)
"La prière, croyez-moi, n'est souvent pour beaucoup que le besoin, quand on se sent seul, de parler à la seconde personne."
"Prayer, believe you me, is often for many nothing more than the need, when feeling alone, to talk to another person."
(André Gide / 1869-1951 / Prétextes / 1903)
"Les persécutions ont toujours eu lieu (ou presque), jusqu'à présent, au nom d'une religion. Que la libre pensée à son tour persécute, la religion trouve cela monstrueux. Mais peut-on vraiment dire qu'il y ait persécution ? J'ai toujours quelque peine à accepter pour vrai ce qu'on a tout intérêt à nous faire croire."
"Persecution has always existed (or almost), to this day, for religious reasons. That free thinking would seem persecutory, religion finds monstruous. But can we really say that persecution exists? I have always had difficulty believing that which they would like us to believe."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1889-1939 / 1er juillet 1931)
"Ce jeune musulman, élève de Massignon, qui vint un matin me parler et que j'envoyai à Marcel de Coppet : avec des larmes, des sanglots dans la voix, il racontait sa conviction profonde : l'Islam seul était en possession de la vérité qui pouvait apporter la paix au monde, résoudre les problèmes sociaux, concilier les plus irréductibles antagonismes des nations... Berdiaeff réserve ce rôle à l'orthodoxie grecque. De même le catholique ou le juif, chacun à sa religion propre. C'est au nom de Dieu qu'on se battra. Et comment en serait-il autrement, du moment que chaque religion prétend au monopole de la vérité révélée ? Car il ne s'agit plus ici de morale ; mais bien de révélation. C'est ainsi que les religions, chacune prétendant unir tous les hommes, les divisent. Chacune prétend être la seule à posséder la Vérité. La raison est commune à tous les hommes, et s'oppose à la religion, aux religions."
"The young muslim, a student of Massignon,who came to speak to me one morning and who I sent on to Marcel de Coppet: with tears in his eyes and sobs in his voice, he told of his profound convistion: that Islam alone possesses the truth that could bring peace to the world, resolve its social problems, reconcile even the most antagonistic of nations... Berdiaff allocates this role to Greek Orthodoxy. The same goes for the Catholic or the Jew, to each his own religion. It is in the name of God that man will fight. And how could it be otherwise, if each religion believes itself to hold the monopoly on divine truth? It is no longer a question or morality; but of revelation. That is how religions, each of which pretends to unite all of humanity, divides it. Each holds to be the only possesor of Truth. Reason is common to all men, and in opposition to religion, to religions."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1889-1939 / 14 avril 1933)
"C'est un vase informe [le mot Dieu] à parois indéfiniment extensibles, qui contient ce qu'il plait à chacun d'y mettre, mais qui ne contient que ce que chacun de nous y a mis."
It is a shalpless vase [the word God] with infinitely expanding sides, that contains whatever each person chooses to put in, but that does not contain anything more than what we have put there."
(André Gide / 1869-1951 / Les Nouvelles Nourritures / 1935)
"Il est bien plus difficile qu'on ne croit de ne pas croire à Dieu."
"It's a lot harder than you'd believe, to not believe in God."
(André Gide / 1869-1951 / Les Nouvelles Nourritures / 1935)
"Le christianisme, avant tout, console ; mais il y a des âmes naturellement heureuses et qui n'ont pas besoin d'être consolées. Alors, celles-ci, le christianisme commence par les rendre malheureuses, n'ayant sinon pas d'action sur elles."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1889-1939)
"Nombreux sont ceux qui confondent mysticisme et spiritualité, et qui croient que l'homme ne peut que ramper, si la religion ne le soulève; qui croient que seule la religion peut empêcher l'homme de ramper."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1889-1939)
"Ce qu'il y a de plus extraordinaire peut-être dans le besoin de l'extraordinaire, c'est que c'est, de tous les besoins de l'esprit, celui qu'on a le moins de peine à contenter."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1889-1939)
"Croyez ceux qui cherchent la vérité, doutez de ceux qui la trouvent."
"Believe those who seek truth, doubt those who find it."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1889-1939)
"Il est certaine façon d'adorer Dieu qui fait l'effet d'un blasphème. Il est certaine façon de nier Dieu qui rejoint l'adoration."
"There is a way to worship God that has the effect of blasphemy. There is a way to deny God that approaches worship."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1889-1939)
"Les lois et les morales sont essentiellement éducatrices, et par cela même provisoire. Toute éducation bien entendue tend à pouvoir se passer d'elles. Toute éducation tend à se nier d'elle-même. Les lois et les morales sont pour l'état d'enfance : l'éducation est une émancipation. Une cité, un État parfaitement sage vivrait, jugerait sans lois, les normes étant dans l'esprit de son aréopage. L'homme sage vit sans morale, selon sa sagesse. Nous devons essayer d'arriver à l'immoralité supérieure."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1889-1939)
"Il est bon de laisser croire à l'enfant que Dieu le voit, car il doit agir comme sous le regard de Dieu et faire de cela sa conscience."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1939-1949 / 10 avril 1942)
"Ces idées dont on croit d'abord ne point pouvoir se passer. D'où grand danger d'installer son confort moral sur des idées fausses. Contrôlons, vérifions d'abord. Naguère le soleil tournait autour de la terre ; celle-ci, point fixe, demeurait le centre du monde, foyer d'attention du bon Dieu... Et puis non ! C'est la terre qui tourne. Mais alors, tout chavire ! Tout est perdu !... Pourtant rien n'est changé que la croyance. L'homme doit apprendre à s'en passer. De l'une, puis de l'autre, il se délivre. Se passer de la Providence : l'homme est sevré.
Nous n'en sommes pas là. Nous n'en sommes pas encore là. Cet état d'athéisme complet, il faut beaucoup de vertu pour y atteindre ; plus encore pour s'y maintenir. Le "croyant" n'y verra sans doute qu'invite à la licence. S'il en allait ainsi : vive Dieu ! Vive le sacré mensonge qui préserverait l'humanité de la faillite, du désastre. Mais l'homme ne peut-il apprendre à exiger de soi, par vertu, ce qu'il croit exigé par Dieu ? Il faudrait bien pourtant qu'il y parvienne ; que quelques-uns, du moins, d'abord ; faute de quoi la partie serait perdue. Elle ne sera gagnée, cette étrange partie que voici que nous jouons sur terre (sans le vouloir, sans le savoir, et souvent à coeur défendant), que si c'est à la vertu que l'idée de Dieu, en se retirant, cède la place ; que si c'est la vertu de l'homme, sa dignité, qui remplace et supplante Dieu. Dieu n'est plus qu'en vertu de l'homme. Et eritis sicut dei. (C'est ainsi que je veux comprendre cette vieille parole du Tentateur - lequel, ainsi que Dieu, n'a d'existence qu'en notre esprit - et voir dans cette offre, qu'on nous a dite fallacieuse, une possibilité de salut.)"
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1889-1939 / 1947)
"La Foi soulève des montagnes ; oui : des montagnes d'absurdités. Je n'oppose pas à la Foi le doute ; mais l'affirmation : ce qui ne saurait être n'est pas."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1926-1950 / 1947)
"Se passer de Dieu... Je veux dire : se passer de l'idée de Dieu, de la croyance en une Providence attentive, tutélaire et rémunératrice..., n'y parvient pas qui veut."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1939-1949)
"L'athéisme seul peut pacifier le monde aujourd'hui."
(André Gide / 1869-1951 / Journal 1939-1949)
"J'admire toutes les formes de la sainteté (encore que certaines me soulèvent le cœur)."
(André Gide / 1869-1951 / Ainsi soit-il /1952)
"L'homme est responsable de Dieu."
"Man is responsible for God."
(André Gide / 1869-1951 / Journal)
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"On a beaucoup ri d'un télégramme que Mauriac a reçu peu de jours après la mort de Gide et ainsi rédigé : "Il n'y a pas d'enfer. Tu peux te dissiper. Préviens Claudel. Signé André Gide"
"We got a klick out or a telegramme that Mauriac received just a few days after Gide's death, which said: "There is no hell. You can go all out. Let Claudel know. Signed, André Gide"
(Julien Green / 1900-1998 / Journal 28 février 1951)
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