Ma Vie d'Autrefois, Ou est-ce Encore la Même ?

Sunday, May 11, 2008

Mon Rapport

Comme mon mari, Brigadier Chef Fabrice SAINTON, ne comprenait pas de trop tout ce qui s’était passé depuis que nous avons contacté l’armée américaine au mois de mars 2008, je tenais à vous expliquer un peu plus calmement. Il a peur de se faire sanctionner par la police française lors de son retour, mais en fait, il n’a rien fait ni de mal ni d’illégale, alors je ne comprends pas pourquoi il ait cette peur, mais je tenais à vous expliquer tout quand-même, étant donné le manque de compréhension de la part de mon mari. Sincèrement, comme il n’a rien fait ni de mal ni d’illégale, ni d’immorale, je ne vois pas du tout pourquoi on le sanctionnerait lors de son retour dans la brigade.

Même les demandes d’aide du gouvernement français sont venues de ma part, et non pas de la sienne étant donné qu’il était détenu dans une caserne sans même le droit de parler à qui que ce soit, sans droit de traducteur, sans comprendre ce qui se passait, et tout cela entièrement contre son gré.

Comme vous le savez, sans doute, j’ai la double nationalité française et américaine depuis ma naissance. Mon père étant breton, et ma mère ayant obtenu sa nationalité française lors e son mariage avec mon père en 1964. Mon mari est français tout simplement, et travaille pour la Police National française depuis 1990, et en tant que motard affecté à Bobigny depuis plusieurs années, où il est Brigadier Chef de la Brigade C de la CMUD de la DDSP.

Mon mari est actuellement en vacances avec moi aux US, jusqu’à la fin du mois de juin. A partir du mois de juillet 2008, mon époux avait l’intention de s’engager dans l’armée française en tant que cuisinier pour qu’il puisse éventuellement se faire naturaliser américain et ensuite intégrer un département de police civile aux États-Unis. Tel était le projet, mais comme on dit en anglais, selon l’écrivain Robert Burns, « Les plans les mieux conçus des souris et des hommes souvent ne se réalisent pas ». Ainsi, du moins pour le moment, le plan le mieux conçu de Fabrice Sainton ne se réalise pas.

Nous nous sommes mariés en mars 2007. Moi, je travaillais pour l’armée américaine en tant que professeur de français dans le développement d’examens de compréhension de la lecture et de l’écoute du français. Ne voulant pas vivre ma vie à 9.000 kilomètres de mon mari, je suis allée le rejoindre pendant trois semaines de vacances au mois de mai 2007. Pour de raisons d’erreurs au niveau administratif dans l’armée, mes vacances se sont vues transformées en ma démission, et je suis restée auprès de mon mari en France.

Mais la vie française est bien différente de celle des États-Unis, et à 41 ans, ce changement m’a été énormément difficile. Donc, pour mon bien-être physique et psychologique, nous avons prévu de venir aux États-Unis J’ai fait la demande auprès du Consulat des États-Unis à Paris pour avoir un visa de résident pour lui (« Carte Verte »), qu’il a obtenu au mois de janvier 2008.

Pour que personne ne pense que Fabrice avait l’intention de faire quoi que ce soit d’illégale ou même d’illicite par rapport à son emploi auprès du Ministère de l’Intérieur français, laissez moi vous dire exactement ce qu’était le projet :

  1. Fabrice a pris des congés jusqu’au 30 juin.
  2. Nous sommes partis de la France le 27 février.
  3. Nous avons passé 10 jours en vacances auprès de ma famille dans le Minnesota.
  4. Nous sommes allés à San Antonio, au Texas, car je savais qu’il y avait une école d’Anglais pour les personnes non-anglophones désirant intégrer les forces militaires américaines.
  5. Une fois l’école d’anglais finie, mon époux serait parti intégrer l’armée américaine, faire ses classes et son entraînement avancé, et ensuite passer trois ans environ dans l’armée américaine pour avoir sa nationalité plus vite, pour ensuite quitter l’armée et intégrer une force de police américaine.

Mais ce projet a mal tourné à partir de notre arrivé au Texas à cause des mensonges et de la manipulation de certains membres de l’armée américaine qui se sont moqués de Fabrice et qui ont profité de son manque de compréhension de l’anglais pour le prendre au piège et le forcer et à être dans une situation précaire par rapport à son travail en France, et à le retenir contre son gré et sans le prévenir, en me laissant moi, seule dans un hôtel, sans savoir ni où il était, ni quand, ni même s’ils allaient le relâcher.

Nous sommes allés voir un recruteur pour se renseigner. Ce recruteur, le Sergent Première Classe Jacques Vercautrin, nous a expliqué que Fabrice allait d’abord passer quelques semaines à passer des tests intellectuels, scolaires, et physiques, ensuite il allait intégrer une école d’anglais pendant 18 semaines, et seulement après tout cela, il partirait faire son entraînement militaire pour intégrer l’armée.

D’après ce que je sache, et d’après ce que mon mari m’a expliqué à propos des congés de la police nationale française ainsi que de sa mise en disponibilité, il n’avait aucun droit de travailler avant le 1 juillet, mais qu’après, si, puisqu’il avait demandé cette mise à disponibilité expressément pour me rejoindre aux États-Unis et vivre ici. Je doute qu’aucun gouvernement, organisation, ou administration sur terre pense qu’un homme pourra vivre un an dans un pays sans travailler. Alors Fabrice n’avait aucune intention de tricher en ce qui concerne son travaille et son administration en France, ni en ce qui concerne ses vacances, ni en ce qui concerne sa mise en disponibilité.

Nous étions confiants dans ce que ce recruteur nous avait dit (au départ), surtout parce-qu’on ne voyait aucun inconvénient à ce que Fabrice aille s’inscrire dans une école d’anglais pendant 18 semaines, après laquelle sa mise en disponibilité aurait commencé et il aurait pu travailler sans qu’aucune faute professionnelle ni administrative ne soit commise.

Comme nous étions satisfaits des explications du recruteur, nous sommes partis pour préparer Fabrice à ses examens écrits. Ensuite, la plupart du temps, je ne suis pas allée avec lui pour traduire. On a fait confiance à ce qu’on nous avait dit, et c’était là notre plus grave erreur.

D’abord, Fabrice avait un long examen traitant de multiples sujets à passer. Pour un américain, il faut avoir au moins un 31 sur cet examen. Pour un étranger, il faut avoir un 21. La première fois que Fabrice l’ait passé, il a eu un 14. Alors, surtout étant donné mon expérience professionnelle à écrire des examens, et ceci pour l’armée américaine, j’ai travaillé intensivement avec lui pendant 10 jours. Au bout des dix jours, Fabrice a passé l’examen officiel dans un local à Fort Sam Houston à San Antonio. Il a obtenu un 52 à cette épreuve, qui s’intitule l’ASVAB.

C’est alors que tous les mensonges, toutes les manipulations, et tous les pièges de l’armée américaine ont commencé.

Quand Fabrice est revenu de son examen, il est venu me récupérer et nous sommes allés au bureau de recrutement. Là, le sergent premier classe Roland Valenzuela nous a déclaré que mon époux était coincé. Soit il allait être mis directement dans l’infanterie pour aller combattre en Irak, soit ils allaient déterminer que, malgré le fait que mon mari ne comprenait même pas ce que ce recruteur était entrain de dire, qu’il était soit trop bon, soit trop mauvais pour même intégrer l’école d’anglais. Ce recruteur était malpoli, stupide, ne savait pas du tout de quoi il parlait, et plus que condescendant. Nous sommes partis énervés, et mon mari était en larmes parce-qu’il ne comprenait pas ce qui avait été dit, parce-qu’il ne comprenait pas pourquoi ce monsieur l’avait si mal traité, et parce-qu’il avait peur de ne plus avoir de travail arrivé le 30 juin.

Lorsque nous sommes rentrés à l’hôtel, j’ai appelé son patron, Vercautrin, et j’ai expliqué que Fabrice ne voulait même plus aller à l’école d’anglais ni intégrer leur armée. Vercautrin nous a demandé d’attendre un peu avant de prendre une décision définitive. Mais vous savez, un recruteur doit recruter. Son travail était de nous convaincre que l’armée serait le meilleur des mondes pour Fabrice, et tout mensonge, tout guet-apens lui était permis pour attraper sa proie, mon époux, Fabrice SAINTON.

Ensuite, mon mari a du passer un examen d’anglais qui s’appelle l’ ELCT. Tout étranger ayant la carte verte et étant sur le territoire américain depuis moins d’un an est obligée de passer cet examen, qui lui donne le droit d’aller à l’école d’anglais à San Antonio. Pour être déclaré capable d’apprendre l’anglais, l’armée estime qu’il faut avoir un score minimum de 40. Pour ne pas être déclaré trop fort en anglais, ils estiment que ce score doit être en sous de 70. Fabrice a eu un 54. Donc tout à fait dans les normes pour être permis de faire ses 18 semaines d’école d’anglais.

Malgré tout cela, Fabrice a décidé de continuer sa quête, au moins pour pouvoir aller à l’école d’anglais. Il n’avait plus du tout envie d’intégrer l’armée, mais il voulait quand même profiter de cette école d’anglais. Et d’après ce que je sache, il n’y a aucun mal pour qu’un fonctionnaire de la police française aille à une école de langues aux États-Unis, ni pendant ses périodes de congés, ni même pendant une éventuelle mise en disponibilité.

Alors, et ceci malgré nos craintes, Fabrice est ensuite allé passer la visite médicale pour rentrer dans l’école d’anglais. Il y présenté de la tension artérielle, ainsi que sa blessure au genou depuis son accident en service commandé qui a eu lieu le 20 septembre dernier. Malgré tout cela, ils lui ont déclaré physiquement apte à l’école d’anglais et au service militaire éventuel.

Ensuite, Fabrice est allé trois fois au service d’administration pour organiser son entrée dans l’école d’anglais et l’entraînement qu’il aurait effectué après les 18 semaines d’école. Les deux premières fois il a refusé de signer quoi que ce soit parce-que personne ne voulait le permettre d’accéder à l’école d'anglais parce-qu’il avait si bien réussi son examen ASVAB. Sachant lui-même ne rien comprendre à l’anglais oral, et sachant qu’il n’arrivait qu’à peine se faire comprendre rien que pour commander un sandwich chez McDonald’s, mon mari ait refusé de signer un contrat l’engageant à commencer son entraînement militaire dans quelques semaines.

Le lendemain, même chose. Après cela, j’ai contacté Vercautrin moi-même (nous lui faisions toujours confiance à l’époque), et je lui ai informé que j’avais trouvé un travaille en tant que professeur de français dans un lycée à San Francisco, et que Fabrice n’allait pas ni aller à l’école d’anglais à San Antonio, ni intégrer l’armée américaine. Qu’il préférait m’accompagner à San Francisco, trouver n’importe quel travail après le 1 juillet, et s’inscrire dans une école d’anglais en Californie.

C’est alors que la vraie pression a commencé. Pendant des jours et des jours on a fait toutes les promesses du monde pour tenter mon époux à aller à l’école d’anglais à San Antonio et à ensuite intégrer l’armée américaine. En fait, j’ai l’impression qu’ils ont besoin de corps à envoyer en Irak et Afghanistan, alors ils promettent le monde, la lune, et même les étoiles, et une fois qu’ils pensent qu’ils ont la personne, ils changent d’avis.

Alors, encore sans moi, Fabrice a accepté de signer un contrat préalable. Ce contrat détaillé les 18 semaines d’école d’anglais, APRÈS lesquelles seulement il devait intégrer l’armée pour faire ses classes et une formation de cuisinier. Il avait signé ce contrat avec la compréhension qu’il pouvait m’emmener et m’installer en Californie, où je vivais avant notre rencontre, et ensuite il devait aller voir des recruteurs ici en Californie puis visiter une base en Oklahoma ainsi que l’école d’anglais au Texas.

Nous sommes donc venus en Californie, en s’offrant un peu de vacances sur la route. On a fait la Route 66, on a visité la forêt pétrifiée, le Grand Canyon, et San Diego, avant de monter sur San Francisco, où je suis dans un hôtel depuis.

Fabrice est parti en tout confiance voir les recruteurs à San José. Il s’est préparé pour aller visiter la base en Oklahoma et se renseigner d’avantage sur comment tout aller se passer avant d’intégrer l’école d’anglais, ce qu’il aurait du faire le 5 mai.

Encore du malheur, encore des mensonges, et encore de la malveillance de la part de l’armée américaine. Une fois arrivé près de l’aéroport, on lui a forcé de signé un autre contrat. Il a dit qu’il ne le comprenait pas. Ils ont trouvé cela amusant. Il a demandé un traducteur, ils ont refusé. Il a demandé à ce qu’on m’appelle pour expliquer ce que c’était qu’il signait. Ils lui ont encore refusé cette demande. Ils l’ont obligé en le menacent et en se moquant de lui, de signer de nombreux papiers qu’il n’a pas eu le droit de lire, et qu’il n’aurait pas compris de toute façon.

Ensuite, ils l’ont fait prendre l’avion pour l’Oklahoma, et là je vous mets ses propres paroles pour raconter son traitement lors de son arrivé là-bas, ce qui, pour moi, ressemble à une arrivée dans un camp de concentration :

Vendredi 03 mai 2008 :
Il est 19H20 et depuis hier soir, je vis un véritable enfer. La vie de militaire n’est plus pour moi. Depuis le début de notre périple pour me renseigner sur une éventuelle intégration dans l’armée, il n’y a eu qu’échec et mensonges. Mais ici c’est encore pire depuis notre arrivé (nous ne sommes que 1, moi). On se moque de moi, on m’a à peine parlé, juste montrer un lit dans le noir et dit que je devais y passer la nuit, un lit pas fait, un lit horrible.

Et puis ce matin, je me suis levé à 06H00 entouré de gamins en uniforme qui s’éclataient en faisant des pompes. Je les ai écoutés et suivit pour le début, mais personne, personne pour s’occuper de moi et des 2 autres gars qui étaient arrivé vers 2H00 du matin.

Vers 11H00, voyant que l’on était entrain de lire un bouquin incompréhensible, j’ai décidé de demander à l’un des gars arrivés la veille, de solliciter un « drill sergent » et à son grand étonnement à continuer à nous faire lire. Après le repas de 11H30, on est parti pour marcher au pas et là vers 15H00 j’ai explosé après avoir entendu le « drill sergent » dire à une jeune femme des philippines qu’elle pouvait continuer son Basic Training sans aller à l’école d’anglais et que cette visite sert aussi à cela – à voir si l’école d’anglais était nécessaire. Ensuite il a fini par dire « ce sera sans doute la même chose pour un français » !

Alors là, je suis allé voir immédiatement le « drill sergent » et je lui ai dit que moi c’était une erreur, que l’on m’avait menti, et que je voulais retourner chez moi. Il n’y a que des menteurs dans l’armée américaine. Je ne veux donc pas m’engager, pas aller à l’école d’anglais à San Antonio, et tout arrêter maintenant. De toute façon ils ne font rien, ils verront donc lundi le problème.

Pour ma part, je n’en peux plus. J’ai mal à mon épaule et mon genoux à faire leurs conneries. Je ne supporte rien. Plus je vais continuer et plus cela me dégoûte.

Je n’en peux plus et je ne tiendrais jamais comme cela le temps qu’ils veulent me garder.

Et ceci n’était que sa première journée là bas. Le récit de son mauvais traitement continue :

Levé 05H45

Tout le monde court dans tous les sens, je ne sais pas pourquoi faire. Je fais mon lit au carré comme un grand, puis je me lave les dents et j’attends, j’attends patiemment 06H30, l’heure du petit déjeuner.

Le petit-déjeuner, c’est super – 1H30 d’attente dehors pour manger en 15 mn. Pas le droit de plus de 2 verres de n’importe quoi à boire, des petits verres. La bouffe, tout ce que je déteste.

Je ne comprends vraiment pas du tout les « drill sergeants ». Ils ne parlent pas, ils marmonnent. Je suis ailleurs, dans mes pensées, envie d'être à ce soir 20H00 pour dormir et oublier.

Même plus de photos, de papiers, tout m’a été enlevé dès notre arrivé, pardon, dès mon arrivée. Ils ont pris mes photos de toi, mes papiers, mon passeport, ma carte verte, tout. Je n’ai le droit à rien. Je suis prisonnier ici.

Et puis ma tension, 15/9 (trop).

09H00 – fin du petit-déjeuner et retour à la chambre. Alors la chambre c’est une pièce de 200 m2 je pense avec 60 ou 80 lits. Je ne veux même pas les compter et que faire ? Heureusement, j’ai gardé ce cahier et ce crayon quand ils m’ont pris toutes mes affaires, mes papiers, ma carte verte et mon passeport.

Bien sur car toi, je ne t’ai pas raconté mon arrivée en détail, jeudi à 20H30 à Fort Sill.

Quand je suis arrivé on m’a prit mon dossier, puis m’ont conduit dans une pièce où l’on m’a demandé de me mettre en slip puis m’a donné une paire de chaussettes kaki, 2 tee-shirts, 1 short, 1 survêtement, et 1 serviette de toilette. On m’a demandé mes affaires de toilette qu’ils ont vérifié et demandé de prendre des feuilles ou un cahier et un crayon, c’est tout. Le reste a été confisqué et mis dans un local non-accessible. Je n'ai donc rien qu’un slip, une paire de chaussettes et cela fait déjà 2 jours que je n’ai que ça et tout le monde s’en fou.

Il est 09H10. Tout le monde s’ennuie. C’est sale. Les toilettes sont propres, mais soit les chasses d’eau ne fonctionnent pas, soit les portes ne se ferment pas. Les douches sont minuscules, 2 douches à 2 places pour 60 ou 80 mecs. Nous sommes coupés de tout et heureusement il me reste toi dans ma pensée. La barrière de la langue est terrible. Personne ne veut faire l’effort de me comprendre. C’est dingue. La seule chose que l’on me demande c’est mon age et d’où je viens. Le plus vieux a 25 ans. C’est la folie.

Ils viennent de me reprendre de la tension, 16/8.

Je reprends la suite de mon tragique aventure plus tard.

C’est alors que l’on a autorisé mon époux à m’appeler pour la première fois. Et ensuite c’est moi-même, toute seule, sans que mon époux le sache, que j’ai pris l’initiative de contacter Madame le Ministre de l’intérieur, ainsi que les officiers de la DDSP de la Seine-Saint-Denis. Mon mari n’a rien fait, ni pour mériter ce que l’armée américaine, ni pour mériter quelque sanction que ce soit de la police française. D’ailleurs, tout ce que j’ai demandé était de votre soutien pour sortir mon époux de cet emprisonnement illégal, et pour lui permettre de reprendre son travail en tant que Brigadier Chef à Bobigny, et ceci sans le sanctionner pour avoir été victime et abusé par l’armée américaine.

J’espère de tout cœur que vous comprenez tous que mon mari n’a rien fait de mal. Tout ce qu’il voulait c’était aller à l’école d’anglais et puis travailler plus tard, une fois que ces congés seraient terminés en France. La seule erreur qu’il ait faite était de signer des papiers qu’il ne comprenait pas, mais il se trouvait seul, à ne rien comprendre, sous des menaces qu’il ne comprenait pas non plus, et sous la contrainte et la coercition.

La continuation du récit de la détention illégale de mon mari, contre son gré, et sans ni le droit ni la capacité de s’exprimer :

Samedi, 09H30

Toujours rien à faire. Pas le droit d’être assis ailleurs que sur le sol. En fait, tout est interdit, comment veux-tu survivre à cela ?

A Fort Sill il y a le Pre-Basic-Training, le Basic Training, et le Special Training pour les opérateurs de char et de radar. Certains des soldats américains ici n’ont pas vu leurs familles depuis 6 mois et leurs familles ne sont pas autorisées sur la base. Tu vois, on nous ment sans cesse. Sous mon lit dort un gars ; si j’ai bien compris, il vient de l’Alaska. Il fait son Basic Training et son Special Training. Il ne m’a pas expliqué ce qu’il voulait faire ou je n’ai pas compris mais il m’a écris sur une feuille la date prévue pour lui de revoir sa famille (mars 2009) si tout va bien.

Sincèrement, je me sens en prison. Je n’ai jamais connu un tel isolement, et de langue et d’âge ; ce sont des gamins qui ne parle que de cinéma de guerre et de jeux vidéos. Je veux partir et au plus vite.

10H30

Un Drill Sergent vient de rentrer dans la chambre et je lui ai demandé l’accès à mes affaires pour récupérer un slip. Dans un premier temps, il a refusé puis est revenu me rouvrir la porte pendant qu’il avait le dos tourné (il s’est mis à faire faire de pompes aux autres gars). J’ai glissé une photo de toi sous mon caleçon, et j’ai bien fait car il a pris le propre et vérifié que je n’y avais rien mis dedans. J’ai donc une photo de toi sous la main. J’ai profité de ce moment également pour prendre ton numéro de tel que je n’avais pas non plus. Je dois faire attention pour la photo car nous n’avons pas le droit aux effets personnels, je l’ai donc glissé dans le livre du règlement de l’armée qui ne doit pas nous quitter. Voilà, maintenant, je suppose que nous allons attendre le repas de midi (11H30) et pas revenir glander dans la chambre.

11H00
On est venu nous distribuer à tous un livre intitulé « ARAB CULTURAL AWARENESS : 58 FACT SHEETS » en expliquant que cela sera notre destination finale. Je l’ai feuilleté. C’est très caricaturiste. Je trouve ça très très drôle et pas du tout sérieux pour une armée.

15H00

Après le repas j’ai été appelé pour une prise de sang et une échographie de la prostate. Ils ont vu que j’avais été opéré avant d’entrer. Ils m’ont demandé pourquoi je n’avais rien dit. J’ai essayé de leur expliquer que tu avais tout dit à SFC Vercautrin et SFC Valenzuela à San Antonio, mais qu’ils ne voulaient rien entendre et nous ont dit soit de ne rien dire, soit de mentir sur cela ainsi que sur plein d’autres choses.

17H00

Nous sommes déjà de retour après le repas du soir. Il faut attendre 20H00 pour se coucher. Que c’est long 3 heures à mourir d’ennui et à penser ! J’ai hâte d’être à demain et de pouvoir voir pour ma libération. Mon rêve – repartir demain pour te rejoindre même si je dois repartir en stop je le ferais avec le plus grand plaisir. Ici on est coupé de tout. C’est vraiment de la merde. Ces 3 jours m’ont semblé 30 ans, 30 ans de merde et d’enfer. J’ai plus envie de rien. Si je devais écrire un livre sur cette aventure, je le nommerai « US Army, Mensonges d’État » et j’expliquerais ma mésaventure.

17H11

Que le temps est long demain c’est le 5 mai et je pense à Morgane. J’aurais aimé et j’espère du plus profond de mon cœur rentrer demain. Que j’angoisse, c’est horrible, vivement que tout cela se finisse. Bon je vais glander et attendre le droit de prendre ma douche.

Comme vous pouvez le constater, non seulement que mon mari n’ait rien fait pour mériter cet emprisonnement, mais qu’il est innocent en tout et ne mérite vraiment pas la moindre sanction de l’administration française.

Dans l’entre-temps, je continuais et je continue d’écrire à tout le monde qui me vient en tête dans l’administration française ainsi que dans l’administration américaine. J’aimerais qu’il soit libérer et dédommagé par les américains pour leurs crimes contre mon mari, et que l’on puisse regagner la France au plus vite pour que mon mari puisse retrouver son travail à Bobigny (une fois qu’il aura un nouveau pantalon et une nouvelle veste pour remplacer celles qui ont été détruits lors de son accident le 20 septembre dernier en service commandé), et ceci sans aucune sanction. J’aimerais aussi que l’on retrouve un logement pas trop loin de Bobigny, et que moi aussi je puisse trouver un emploi. Vous voyez, nous ne demandons pas grande-chose, seulement à retourner à notre état avant que toute cette mésaventure ait commencé !

Mon mari m’a encore écrit pour raconter la galère qu’il vit dans ce camp où il est emprisonné illégalement et contre son gré. Je vous dis, il n’est même pas légal de traiter des animaux comme ça aux États-Unis ! Et n’est-ce pas contre la Convention de Genève que de traité des prisonniers de guerre comme on traite mon mari, un simple citoyen, fonctionnaire de la Police Nationale française ?

18H06

Encore 2 heures à tuer. Qu’est-ce que c’est long ! J’ai pris ma douche. Je suis tellement stressé que j’avais oublié ma serviette. Je suis fatigué et super nerveux. Vais-je pouvoir dormir cette nuit ? Cela m’étonne de plus il y a des rondes toutes les 15 minutes. Ils t’éclairent la tête pour être sur que tu sois dans ton lit. C’est dingue, la prison sans avoir commis de crime, les seuls moments agréables je les passe en t’écrivant. Voilà, je lutte pour ne pas pleurer, tu vois, je ne suis pas fait pour ce monde carcéral.

Incroyable, je ne cesse de tourner en rond. Je suis comme un fou, un lion dans une cage. Je ne cesse de tourner, tourner, et tourner en rond dans cette prison.

Il continue son récit, mais moi je l’arrête. C’est bien trop triste. Je pense qu’on aurait du ne jamais abuser mon mari comme cela. Je pense qu’ils auraient du le libérer de cet emprisonnement illégal la semaine dernière, déjà. Et je pense qu’il ne mérite aucune sanction lorsqu’il reprend son travail.

Pour qu’il n’y ait aucun doute, Fabrice allait aller à l’école d’anglais, ce qui n’aurait pas été rémunéré. Actuellement en tant que prisonnier illégal de l’armée, il n’a pas été rémunéré non plus. Fabrice n’a même pas de compte en banque aux États-Unis. Donc je pense qu’il n’y a eu aucune faute professionnelle de sa part par rapport à son travail pour la DDSP de Seine-Saint-Denis.

J’espère de tout cœur que vous comprenez la gravité de cette situation et de ce qui arrive à mon mari. Mais, encore plus, je vous en supplie, aidez-le au lieu de le sanctionner, car il a vraiment été victime, et il n’a rien fait de mal ni d’illégale pour mériter ce traitement de l’armée américaine.

Bien à vous,


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